L’association Exhale, au travers de ses différentes actions, s’interroge sur le rôle des artistes dans la société et sur la façon dont les artistes peuvent être un relai des découvertes scientifiques. Sensibles aux questions écologiques, nous faisons le constat suivant :
green-washing et manque de vision holistique des problématiques environnementales ;
manque de porosité entre les résultats de la recherche et la société ;
lenteur de la transition écologique.
Plusieurs leviers sont identifiés pour accompagner la transition écologique :
le besoin de toutes les disciplines pour accompagner la transition écologique : « On ne peut pas aborder les questions écologiques sans les arts. Si vous n’avez pas les affects capables de métaboliser la situation écologique, vous êtes cuits. C’est beaucoup trop lourd, vous avez simplement l’angoisse au ventre et vous ne pouvez pas faire le travail. Mais aller convaincre l’université française que faire une pièce de théâtre, c’est aussi important que de faire un manuel, c’est très difficile » - Bruno Latour, entretien N°6 sur Arte, Inventer des dispositifs collectifs, 2021 ;
une ergonomie de travail similaire chez les chercheurs et les artistes permettant d’envisager des résidences entre artistes et scientifiques pour aboutir à la création d’un spectacle vivant ;
l’implication forte des Cévennes dans de nombreux projets de recherche et la disponibilité en territoire d’un vivier important de ressources.
L. Marseault - Goutons la géologie - Festival 22
Un projet qui nous tient vraiment à cœur est ainsi le développement d’un projet « Arts et Sciences » sur le territoire dans un objectif de médiation des savoirs par la dimension artistique.
Les relations entre milieux scientifiques et artistiques, bien qu’elles ne soient pas récentes, ont connu un regain d’intérêt récent sous l’appellation « art-science » (Marie-Christine Bordeaux, 2002). Elles ont des contours évolutifs et développent des dispositifs destinés à favoriser des coproductions. Ces coproductions sont aujourd’hui le modèle le plus fréquent des coopérations entre des acteurs que tout semble, en apparence, opposer. L’émergence des projets « arts-sciences » s’inscrit aujourd’hui dans des enjeux concernant le développement territorial, la communication scientifique, l’innovation technologique, le renouvellement de la vulgarisation et l’avant-gardisme artistique (Cassandre Molinari).
L’association Exhale, dans le cadre du projet « Arts et Sciences », poursuit les objectifs suivants :
Accueillir des sorties de résidence d’artistes, en les enrichissant par des temps de médiation scientifique auprès des habitants du territoire ;
Susciter l’émerveillement, nécessaire pour accompagner la transition écologique, via la diffusion de spectacles vivants auprès des habitants du territoire ;
Favoriser les collaborations entre artistes et scientifiques engendrant des projets sur la durée (e.g. création de spectacles vivants) en organisant des temps d’échanges dans le cadre de résidences ;
Impliquer de manière participative les structures locales dans un projet commun afin de mailler l’ensemble du territoire.
Originalité et force du projet :
Projet à évolution progressive et inclusive ;
Être innovants et précurseurs au niveau territoire car sur le plan institutionnel, ces relations art-science sont encore très peu développées ;
L’art et la science présentés comme deux facettes d’une même activité : comprendre et interpréter le monde ;
Approcher la culture soi-disant savante et les publics a priori non experts ;
C’est donc tout naturellement que nous avons trouvé des points d’accroche avec Eliette Guine, directrice de la filature du Mazel, et eu l’envie de développer ensemble des actions autour de cette thématique « Arts et Sciences ». Notre ligne de conduite étant toujours d’avancer en « faisant » (en commençant par des actions nécessitant peu de moyens financiers), nous avons décidé d’initier une collaboration avec la filature du Mazel dès début 2023 avec l’accueil d’une sortie de résidence de la plasticienne Céline Pialot. Elle a fait découvrir une partie de son travail en cours à la Bergerie de St Roman de Codières.
programme complet autour de l'exposition
La filature du Mazel, Tiers lieu installé dans la vallée de l’Hérault à Val d’Aigoual, développe depuis plus de 10 ans des projets culturels au service des publics et du développement du territoire. Devenue Pôle d’Innovation Territoriale depuis peu, elle s’appuie sur de puissants partenariats et la rencontre des arts et des sciences pour participer à la transition écologique du territoire Sud Cévennes. La Filature est partenaire du comité de pilotage de l’Office national des forêts qui renouvelle le label Forêt d’Exception® pour la forêt de l’Aigoual. L’histoire extraordinaire de notre forêt ainsi que son devenir constituent un matériau formidable pour les artistes qui contribuent par leur créativité à la faire connaître et rayonner davantage. Céline Pialot, plasticienne et habitante des Cévennes, propose un travail de longue haleine sur la forêt de l’Aigoual.
Un beau reportage de Raphaël Bonnet, pour sur notre semaine, sortie de résidence de Céline Pialot et les projets sur la forêt à Saint Roman de Codières.
L’Homme et la forêt, Céline Pialot
La Filature du Mazel l’accueille pendant 3 workshops en 2022, 2023 et 2024 pour travailler aux 3 volets de sa création sur la thématique forestière : les forestiers, la forêt comme système et enfin l’histoire de la forêt de l’Aigoual. En 2022, Céline a arbitré des choix formels (triptyques encre et crayons de couleurs, création sonore) après un travail d’enquête auprès des forestiers.
Ce très beau travail trouve tout naturellement sa place dans le programme de Saint Roman de Codières où les regards scientifique et artistique éclairent un rapport à la forêt privilégié dans l’histoire et la vie de la commune.
